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9 mai 2006

ma CLOPINE et BEGODEAU

Voici l'extrait du BLOG de ma CLOPINE  dont je vous avais " parlé " ...  Au passage sachez qu'elle n'est pas prof mais se révèle être une sacrée critique littéraire  ! PASC

Son blog est très " visité " .

minuscule

Je finis le livre lauréat du prix Télérama/France Culture, "entre les murs". D'habitude, je suis plutot bon lecteur, comme on est "bon public", facilement emportée, émue, distraite...

Posté par ClopineT à 16:09 - ah mon dieu que la vie est quotidienne - Commentaires [0] - Rétroliens médiocrité

Mais là, non seulement je ne comprends pas trop la décision du jury, mais en plus tant de choses sont irritantes dans ce livre, écrit par un prof de français, que j'ai envie de les relever, pour essayer de m'expliquer ce qui m'agace tant.

Le tout premier étonnement-agacement commence avant meme d'ouvrir le livre : pourquoi donc l'auteur a-t-il supprimé les majuscules de son nom et son prénom ? François Bégaudeau devient françois bégaudeau, au mépris d'une règle fondamentale de l'orthographe.

Attention, hein. Je ne suis pas une puriste, une khmer blanche de l'orthographe. Je déplore qu'elle serve si souvent de barrière "de classes", empechant certains élèves brillants par ailleurs d'accéder à des emplois, notamment via les concours administratifs. Je plaide pour une simplification, un "toilettage".

Mais les majuscules au patronyme des noms, cela me semble très important à apprendre aux enfants. D'abord, la différence "Majuscule/Minuscule" leur fait toucher du doigt que la meme lettre peut etre écrite différemment. De plus, une majuscule en début de phrase ou de nom apprend instantanément à l'enfant, par un procédé visuel, que l'importance des choses et des signes est relative. La France, ouverte par sa majuscule, est ainsi plus "importante", plus "majestueuse", plus " à respecter", que les français qui doivent se contenter de la minuscule.

L'auteur, donc, dans ce choix bien entendu délibéré de suppression des majuscules, tend à signifier quelque chose, qui en fait me  déplait profondément. Je subodore la démagogie : "les gamins n'emploient plus les majuscules, nous sommes passés à l'air de l'azerty, au diable les vieilles nuances" semble dire monsieur bégaudeau, sans B !

Allez, j'ouvre la première page, des fois que mon intuition m'ait trompée.

Eh bé non.

Tout, je dis bien tout dans ce livre est à l'avenant de la graphie du nom et prénom de l'auteur. Sous prétexte de modernité, de "parler vrai", de "témoignage", ce prof de français ne raconte rien d'autre que le massacre , auquel il consent, de la langue qu'il est censé transmettre. Evidemment, c'est le "auquel il consent" qui me gene. Parce qu'en plus, cet auteur flatte dans le dos tous ceux qui, comme lui, remettent en cause les fondements meme de la transmission du savoir, et, sous couvert de compréhension du monde d'aujourd'hui et de sa jeunesse, manie la pire démagogie.

Je vous en donne des exemples dès que j'ai fini le livre, ce qui ne saurait tarder : bien entendu, il se lit comme on boit du petit lait. D'une traite. Cela permet de faire avaler la pilule, de planquer son coté pernicieux derrière une apparente inocuité.

Je pense vraiment qu'un minuscule françois bégaudeau peut faire de grands ravages, hélas.
Démonstration un peu plus tard !

Clopine Trouillefou, avec majuscules, n'est-ce-pas ?

(mais sans accent circonflexe, l'azerty du jour déconne !) 

Je reprends sur Bégaudeau.

Evidemment, le fonds du livre ne raconte rien d'autre que ce que l'on sait déjà, par tant de récits, d'analyses, de constats. Le lecteur n'est donc pas dépaysé : ce qui lui est décrit  (les classes multi-ethniques, la difficulté d'apprendre le français à des élèves dont ce n'est pas la langue maternelle, les familles en grande difficulté, la violence sous-jacente qui ne demande qu'à exploser à la moindre occasion, l'incapacité de l'institution à répondre à  la crise sociale, etc., etc.) il le sait déjà, pour peu qu'il soit  un peu attentif à ces questions : on n'entend parler que de cela ! c'est donc un sujet sociétal à la mode (déjà, méfiance : ce n'est pas forcément avec ça qu'on fait de la bonne littérature !)

Mais ce qui est raconté là va plus loin. Si on analyse un peu ce qui est dit, on se rend compte très vite que l'auteur-narrateur-prof de français raconte en fait et sa démagogie, et sa propre médiocrité. Je vais essayer de donner des exemples :

- rapport du prof à sa pédagogie :

Bégaudeau répond à chaque crise, à chaque affrontement, par un double système :

Il s'appuie sur les rouages de l'institution (mots dans les cahiers, punitions, envoi chez le directeur) mais, également, répond directement à l'élève sur le meme terrain que lui : affectif (dialogue : "je n'vous aime pas, monsieur. - Moi non plus, je ne t'aime pas"), langagier ("vous vous comportez en pétasses" "- pétasse ça veut dire pute pour nous Monsieur", "- pour moi ça veut dire insolente", etc) , comportemental (le prof emmène chez le directeur un jeune qui traîne les pieds. Le prof règlera son allure sur l'allure du jeune), jusque dans l'agressivité (à l'agressivité des jeunes, le prof répondra par une agressivité équivalente).

C'est grave : le prof ce faisant, CONSENT A L'EGALITE avec ses élèves. Le discours, c'est "je me comporte avec eux d'égal à égal, mais en dernier ressort, j'utilise l'institution pour être le plus fort". Bref, je ne joue pas le jeu de l'institution, mais je m'en sers. Bref, je joue double jeu !

- rapport du prof à la matière qu'il enseigne :

Dès le début, Bégaudeau met systématiquement en doute la pertinence de la matière qu'il est censé enseigner. Ecrivant la formule "qu'est-ce que", il se dit qu'elle est vraiment insupportable. Quand il doit expliquer des règles (après que + indicatif, etc.), il en arrive à la conclusion qu'elles sont inadéquates et encombrantes, et recommande à ses élèves de s'en ficher, finalement. Cette attitude s'étend bien entendu à tous les savoirs ; un élève ne sait pas ce qu'est l'Autriche ? Bah, ce n'est qu'un tout petit pays. Et quand l'élève en conclut logiquement qu'on ne s'apercevrait de rien "si une bombe rayait l'Autriche" (!!), silence de l'auteur, qu'on imagine souriant vaguement à cette assertion !

L'auteur lui-même a quelques soucis : comment s'écrit misogynie (un ou deux y ?), met-on un tiret après "auto" ? Ce qui serait des questions bien naturelles pour ses élèves, devient un peu inquiétant pour un prof de FRANCAIS, non ? Bégaudeau n'aurait-il jamais eu les moyens de s'acheter "le bon usage", de Monsieur Grévisse ?

Encore une fois, il s'agit là de démontrer la "proximité" du prof avec ses élèves, mais c'est franchement inquiétant. Comment quelqu'un qui trimballe de tels doutes peut-il défendre  la matière qu'il enseigne ??

- rapport du prof à ses collègues :

Bien entendu, l'auteur nous aligne là une galerie de portraits, évidemment comique et "bien vue" (le prof à piercings surfant sans cesse sur des sites de "cul gothique", la mère de famille débordée, le bronzage après-ski, les plaintes quotidiennes, le directeur à la sempiternelle langue de bois, etc)

Mais il passe son temps, dans le livre, à se démarquer d'eux.

Dans la salle des profs, il est la plupart du temps muni de ciseaux, et évite de participer aux conversations. Il ne rompra son silence que sur un point totalement mineur et matériel (la machine à café).

Que l'auteur veuille manifester ainsi son désaccord avec ce qui se passe "du coté des profs", dans l'institution, passe encore. Mais qu'il  le fasse en utilisant l'arme du ridicule, voilà qui conforte encore sa position de "non-impliqué", de simple observateur qui s'en lave les mains.

Lui, n'est-ce pas, appelle chacun de ses élèves par son prénom, en y ajoutant (c'est assez judicieux) la description de la marque qui s'étale sur les sweats et les tenues vestimentaires. Ses collègues ne parlent que de "cinquième 1", "sixième trois"'. Pendant les conseils, à chaque nom émis, la même phrase est répétée "untel, ah aha , alors çui-là". L'effet de comique de répétition masque mal  le mépris de l'auteur pour ses collègues.

- rapport de l'auteur à l'écriture :

Là encore, Bégaudeau nage en pleine ambiguïté. En sa qualité de prof, il enseigne à ses élèves que le français écrit n'est pas le français oral. Or, au fur et à mesure du bouquin, l'écriture va devenir de plus en plus "orale". Page 245 et 246, l'auteur s'amuse ainsi à prôner la rigueur du langage écrit, en utilisant exclusivement ce qu'il entend dénoncer, à savoir une simple transcription du langage parlé.

Encore une ficelle pour, sous couvert de respect de  son enseignement,  dénigrer sa matière à tout va !

- rapport du prof à ses élèves :

au-delà de la soi-disant proximité recherchée, vue ci-dessus, deux exemples montrent à quel point ce prof est "..." ;

- les élèves se plaignent des prénoms trop "français", trop "gaulois", des textes qu'ils doivent travailler. Qu'à cela ne tienne ! Le prof les autorise à les changer en prénoms à consonnance étrangère !

Ce passage est proprement terrifiant. Voici un prof de français, qui pourrait dire, expliquer,   par exemple : "oui, la majorité des textes en France, contient des noms et prénoms français, parce que la société ne veut pas voir la diversité culturelle des membres qui la composent. A vous,  de faire changer les choses ! A vous, plus tard, d'écrire des histoires en français, avec vos noms, vos prénoms. C'est ce qu'on fait Senghor, Césaire, Chamoiseau...et tant d'autres"

ou encore, par exemple : "les textes du passé sont effectivement ainsi, mais je vais vous présenter des textes contemporains (comme Gavalda, enfin il y en a pléthore !) qui sont exempts de cette particularité, et qui prennent en compte la diversité moderne"

ou enfin, et ce serait  à mon avis le plus parlant, le prof pourrait attraper un bout de craie et écrire au tableau :

Eponine -Azelma -Cosette -Phoebus -Marius -Guillemette -Germain

Et demander aux élèves s'ils ont déjà lu ou entendu ces prénoms, si peu usités dans la langue de notre époque, mais qui sont pourtant on ne peut plus français. Le premier des processus littéraires, c'est l'identification, et Hugo démontre qu'on peut parfaitement s'identifier à quelqu'un qui ne porte pas le même prénom que vous, qui ne vit pas à la même époque, qui n'a rien de commun avec vous.

Faire croire qu'un élève ne peut s'intéresser à un texte ou à un exercice qu'à la condition que ce texte le renvoie à lui-même, lui "parle de lui", c'est non seulement démagogique, mais c'est, encore une fois, inverser les processus d'acquisition des connaissances littéraires !

Au lieu de ça, ce prof PERMET DE CHANGER LES PRENOMS  ! 

autre exemple : une mère d'élève vient expliquer au prof que son fils manque de père et de repères, qu'il l'a choisi, lui le prof , pour modèle, et que ses difficultés viennent du fait qu'il est rejeté dans sa demande de modèle.

l'auteur ridiculise purement et simplement cette mère. Là encore, j'ai grincé des dents. Certes, être prof dans un collège de banlieue ne veut pas forcément dire avoir  une vocation de pédagogue. Mais enfin, Monsieur Bégaudeau n'a-t-il jamais entendu parler de personnages comme "Mentor" ? La littérature mondiale est constellée d'histoires de jeunes gens à la dérive, sauvés parce qu'ils rencontrent, un jour, un prof, un adulte, qui leur sert de point de repère.

Bien sur, Monsieur Bégaudeau va me répondre qu'il n'est pas payé pour cela, et que la moindre marque d'une attention particulière donnée à un élève serait mal vécue par le reste de la classe.  Il aura raison, bien sûr, mais ne pourrait-on attendre d'un vrai pédagogue qu'il cherche d'une part à en savoir un peu plus (en interrogeant l'élève en question, hors les cours, par exemple) et d'autre part qu'il puisse envisager, ne serait-ce qu'une seconde, de répondre à cette demande d'investissement, hors institution par exemple ? Ca s'est vu, des profs qui allaient donner un coup de main à un élève chez lui ! Qui acceptaient ce rôle de Mentor !

De tous ces exemples, (sans compter les toutes dernières pages du livre) il en ressort que Monsieur Bégaudeau, prof de français médiocre, faux-jeton pratiquant le double-jeu, démagogue au dernier degré et n'ayant rien du véritable pédagogue explique à lui seul l'échec du système. Tant qu'on n'offrira que des Bégaudeau aux élèves, il ne faudra pas s'étonner que les seules réponses soient des exclusions définitives (six dans le bouquin, je crois. Quelle réussite, Monsieur Bégaudeau ! c'est vrai qu'à vous lire, c'est la faute d'on ne sait qui, mais surtout pas de vous, qui pratiquez la démagogie à outrance  !)

dernière cerise sur le gateau : Bégaudeau se dit opposé à la loi sur le voile. Effectivement, on le voit bien accepter, après tout le reste, des filles voilées dans ses cours. Et ne pratiquant pas de sport, du coup.

Parce que, et ce sont les dernières pages du livre qui  nous le disent, en fait, Monsieur Bégaudeau voudrait être prof de sport. Il pense  que seul le sport est utile aux enfants des banlieue qu'il est censé enseigner. Le foot, surtout, évidemment.

Je ne sais si Monsieur Bégaudeau aurait été un bon prof de sport. En tout cas, c'est un  prof de français raté !

Pourquoi cela m'agace-t-il tant, que j'en ai éprouvé le besoin d'analyser le livre ?

C'est parce que deux de mes "références" culturelles, à savoir Télérama et France Culture, ont couronné ce livre ! Et certes pas au motif que ce livre décrirait exactement ce qu'il ne faut pas faire, ou serait une sorte de "dénonciation"  ! Bégaudeau dénonce, mais les autres, hein, pas lui !!

C'est bien la peine que France Culture ouvre si largement ses portes à un Finkielkraut, qui ne cesse de dénoncer ce que Bégaudeau raconte avec une telle complaisance ! C'est bien la peine que Télérama, qui ouvre des blogs "livres" à tout va et propose des ateliers d'écriture sur son site web, fasse régulièrement des dossiers sur l'éducation, si c'est pour primer ce genre de littérature opportuniste, qui fait , en creux, l'apologie de la démagogie !

Oui, je suis assez en colère, en fait. S'il y avait encore des forums ouverts sur le site télérama, et si je n'avais pas été virée comme une malpropre du site de défense de France Culture,  je mettrais en ligne cette analyse du premier PRIX DE FRANCE CULTURE ET DE TELERAMA 'entre les murs", au minuscule françois bégaudeau !!

Clopine Trouillefou

(comme je viens de corriger ce texte (je crois que je vais quand même l'envoyer à France Culture et Télérama !)

Posté par ClopineT à 10:02 - ah mon dieu que la vie est quotidienne - Commentaires [12] -

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