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6 octobre 2006

ARAIGNEE + GANESH

«  Ces langues imparfaites en cela que plusieurs » MALLARME

Fragile, frêle, futile et malhabile j’ai tissé ma 1ère toile entre Les 2 pierres d’un muret .

Le fil en était un peu lâche et aucun moucheron ne s’y est laissé prendre. J’ai bien cru ne jamais pouvoir me sustenter .

J’arpentais inlassablement les contours de mon vaste monde –sans résultat – Les gouttes de rosée étaient mes seules compagnes , riantes . Je guettais le moment où elles allaient tomber faisant de mon piège une trampoline . Les fils alors s’entremêlaient et il me fallait une patience infinie pour les retricoter .

Je n’avais plus la notion  du temps- j’attendais – mes pattes légères me brûlaient ; je dansais sur des charbons ardents .

Nulle mouche-

Parfois une feuille-

Je décidai d’agrandir mon territoire  et tissais une seconde toile aux confins des volets .

Fière d’avoir élargi mon univers j’allais d’une toile à l’autre comme le vigneron va vérifier si les raisins sont mûrs et si le vin sera bon  .

J’ai appris à ne pas souffrir à la place de celui ou celle que j’avais fini par attraper – l’empathie ne m’eût rien valu .

Il fallait agir sans état d’âme ; ne pas me bercer d’illusions ni sur l’autre , ni sur moi-même . Eviter la mièvrerie  , le romantisme suranné et les sentiments à bon marché  .

Mes toiles sont devenues de plus en plus nombreuses et de plus en plus solides .

Je n’osais plus me regarder dans la glace ; en prenant l’esprit de l’araignée , je devais

aussi en avoir pris les traits .

Ne pas se retourner   - se brûler   la bouche et les pattes, ne jamais s’arrêter , ne pas sourire  et travailler sans relâche .

Si l’envie m’en prenait pourtant , parfois  , je posais les armes .

Un jour il m’est même arrivé de m’aventurer tout près du nid de la bergeronnette .

J’en ai admiré le tissage, entre les plumes et les brindilles : tout un jeu  de couleurs et d’entrelacs  subtil ; elle y avait même entrelacé des cheveux blancs – comme mes fils , ils scintillaient au soleil du soir .

J’enviais l’ovale de ses  œufs vert-pâle .

J’avais comme l’impression très forte que c’était ça la beauté .

Comment savoir ?

Cela me préoccupait de plus en plus et j’entrepris de me poster près du nid et de le con- templer  pour qu’il me livre ses secrets .

J’en oubliais de tisser, je m’oubliais moi-même, ravie par l’instant .

Je relâchais la garde et moi qui cherchais , je fus avalée tout cru , par l’oiseau !

PASC

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T 2 =   Ganesh ou la remise en question . TEXTE de JULIETTE -

Je suis là, assis au milieu de la place de Bhaktapur,  comme un gros balourd, et j'essaye de prendre un air  intelligent . Je suis là depuis tant d'années, entouré  de Vishnou et Rama, qu'une bonne dose de saletés, de  crottes de pigeon et de restes d'offrandes diverses ne  pleuvent plus se décoller de mes pieds . Je suis là,  éléphant de pierre échappé du Ramayana et figé à  jamais sur cette charmante place, où se déroule tant  de festivités en mon honneur .
Je sens dans mes veines couler le sang des jungles où je n'irais plus flâner à l'aurore . Je sens
  la douceur des soirs où mes frères de sang se  baignent dans les eaux les plus magiques et les plus
polluées du monde . Je sens ces milliers de kilomètres  foulés par mes ancêtres . Je sens ces
villages défendus, envahis, détruits et reconstruits.
Je sens encore sur mon dos la valeur et le poids de  mes illustres maîtres .
Je sens, sans cesse, l'odeur de l'encens et des  bougies, l'odeur des crémations qui m'est devenue
insupportable . Je suis là, mais très las de toutes  ces bondieuseries, de toutes ces génuflexions, devant  moi qui ne peut même plus plier un genou . Tant  d'année assis sur mon gros derrière, dans cet  accoutrement ridicule, ces drapés encombrants, cette  ombrelle qui laisse désormais passer les rayons du  soleil. Tant d'années à ne savoir que faire de toutes  ces lamentations, ces confessions impudiques , ces  querelles de clocher.
J'ai vécu de beaux moments, des mariages, des  couronnements, de victorieuses épopées et me voici
aujourd'hui,la main droite perpétuellement levée,  comme si on m'avait chargé de faire la circulation sur  la grand place du temple. Mes oreilles sont brisées ,  fatiguées du son aigu des sitars, des roulements de  tablas incessants. Fatiguées d'écouter les devins, les  vendeurs de sornettes, les politiciens véreux de tout  le sous-continent.


Aujourd'hui, j'aspire à autre chose, mais je ne sais  plus quoi faire de mes vingt doigts. Je ne pourrais
même plus traîner quatre ou cinq troncs d'arbres même  pour rendre service à un ami. Ma trompe n'émet plus  qu'un son discontinu et rauque, . J'éternue sans cesse  au moindre courant d'air.


Je m'en veux surtout, d'avoir fait croire aux gens que je pouvais les guérir, les apaiser de leurs peines .
C'est vrai j'ai su les écouter en silence , et pointer  quelques traits signifiants dans leurs lamentations.
Je leur ai certainement ouvert des portes  ,spirituellement s'entend, bien entendu.
Mais comment ai-je pu consoler sans relâches ceux qui  venaient me parler de leurs morts . Comment ai-je oser  les absoudre de leurs crimes, de leurs coups bas .
  Au nom de quelle religion, me suis-je octroyé ces  pouvoirs? . Une religion de castes qui humilie et
terrasse les individus dés leur naissance. Aujourd'hui  à la veille de passer dans l'autre monde, j'ai honte  de moi . Je me suis trompé, trompé jusqu'au cou,  trompé jusqu'à la trompe.

J'ai vécu d'expédients. Au  lieu de courir la savane, de comprendre le sens  profond de la vie . Au lieu de suivre le chemin de mon  père et de ma mère, j'ai voulu faire le malin.

Lorsque  l'on m'a offert cette place de dieu vivant, j'ai été  lâche, j'ai accepté.
Certes j'ai eu un grand rôle politique, mais petit à  petit, la grande histoire du Ramayana m'a rattrapé et  gelé dans la pierre . Les siècles ont succédés aux  siècles et j'ai laissé faire . J'ai perdu mes racines,  mes frères . La plupart se sont éteints dans une très  grande solitude . Derrière les grilles d'un zoo à  New-York, , relégués dans des rôles de second –plan  dans des films Bollywoodiens, en support publicitaire  dans les rues de Bombay. Je n'ai pas levé un petit  doigt de pied pour arrêter cette roue de la vie  infernale . Je suis resté là, planté sur la place de  Bhaktapur,et là je mourrai . J'ai une requête à faire  à ceux qui liront ce témoignage : à mon enterrement
faîte plutôt jouer de la cornemuse .

          Votre serviteur, Ganesh.

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6 octobre 2006

CARTE POSTALE

CARTE POSTALE de L'ETE 2006 = 10 ans déjà  ou comment faire de sa  vie  une oeuvre d'art .
2006 = l'été de la bergeronnette , de la piscine et de GINDOU .
-1996 , retour du CAMBODGE : Badette nous écrit « Venez pour le 15  AOUT , on vous aime , on vous pense . »   On ne savait pas à  l'époque que cette petite phrase allait changer un tant soit peu  notre vie de baroudeurs-voyageurs devant l'éternel .
10 ans du LOT , les BEAUCOUSIN arrivent les bras chargés de  cabécous et de bonnes bouteilles ; on attend L & B pendant 2 h  (  JOHN s'impatiente ) à cause de la perfide Albion qui ne communique  avec nous désormais que via les avocats .
Visionnons : LES  STATUES MEURENT AUSSI  d' A. RESNAIS et CHRIS  MARKER  en vue d'une émission FRCE- CULT sur le quai BRANLY .
W.E à ALBI
Festival d'ASSIER ,  MEDHI BECQUET y donne des cours de capoiera , il me reconnaît au bout  de plus de 25 ans dès lors j'ai des  velléités de prendre des cours avec lui à la rentrée !
Le 15 juillet , en plein festival , PAT se baigne dans la piscine  = 29 degrés ; cela ne se réitérera pas de sitôt - comment peut-on ne pas aimé l'eau !


18 juillet : fêter la St FREDERIC  me procure un vif plaisir .

Les entretiens de FIGEAC  philosophico- politiques  avec Monique  CANTO-SPERBER , A G SLAMA , Olivier MONGIN  portent sur la crise de notre société  ;  ratons l'entrevue  avec RAPHAEL ENTHOVEN. Aucun exposé probant mais quelle belle  initiative .

SARAH et NOUCHKA sont 2 belles filles   serviables ,  2 sirènes  . Elles s'entendent avec FRED qui adore les ados .

Le mois de juillet est silencieux et torride , j'en profite pour  lire sur la balancelle  l'oeuvre complète de DENIS GROZDANOVITCH ( TRAITE de la  DESINVOLTURE  , REVEURS et NAGEURS , Brefs aperçus sur l'éternel féminin ... ) avec lequel je me sens  complice , très proche comme de MICHEL ONFRAY ( hédoniste pas si crispé que cela )  , l'an passé . Cette  année ce dernier   traite des philosophes du 18ème , les ultras ,   loin de la doxa   enseignée  .

Il me reste des images très fortes des livres de DG : lui et sa femme seuls au monde , la nuit , dans l'AVEYRON , tels des gisants sous la pleine lune  ( ils nous ressemblent  , perdus dans ce vaste univers , 2 coeurs à l'unisson ) , EMILIE  construisant un édifice sur un chemin pierreux , une belle grand-mère qui ratiocine dans un sous -sol lugubre  , la mort d'êtres qui  nous sont chers et qui nous accompagnent , fidèles ; une échappée au petit matin par le soupirail et la rencontre d'un balayeur noir ... une " folle au fusil " et sans lunettes noires pour qui il empilera  des stères de bois et sera récompensé d'une omelette aux herbes magiques ...pleins de gens hétéroclites croqués avec bonheur et humour .

Réalité ou fiction cet homme qui se fait enterrer dans une grotte ornée ?????

Il a une très belle écriture ( mon dieu que je suis jalouse ) , droite , profonde  , empreinte d'auto-dérision ... mieux vaut ne pas être trop belle pour séduire notre écrivain !

Je lisais lentement pour déguster , savourer et plus j'atteignais la fin du bouquin plus je ralentissais ,freinais des 4 fers .  Son mot préféré = placide ! 

Sa musique était la mienne , j'aime le regard qu'il porte sur le monde , un regard perçant , affectueux et libre  .

CLAUDEL  me tombe des mains  alors que ST JOHN PERSE est une révélation   pour qui  aspire à l'infini. AKINORA ...bof

Il fait 35 degrés à l'ombre à 10 H du matin , la guerre au LIBAN  fait rage .

Je passe mon temps à  barboter  dans ma piscine de NIKI de ST  PHALLE , les hirondelles s'amusent à faire  des piqués sans souci  de ma présence , au loin les moutons . Dès notre arrivée ( nous  commençons par ouvrir  les volets comme dans  SOUS LE SABLE  ) je m'aperçois qu' une  bergeronnette a fait son nid entre la fenêtre et le volet, 4 oeufs  vert-pâle, vert d'eau , s'y blottissent   . Au bout de 3 jours elle  nous demande expressément par une danse des plus mystérieuses , de  fermer le volet pour couver ;  pour ce faire elle  donne des coups  de becs à la verticale de l'autre  carreau , affolée .
A 5 H un  matin  , elle chante , côté chambre cette fois , je  cours voir pieds nus = les oisillons sont nés !
A partir de ce jour lorsque nous prenons nos repas sur la terrasse  , elle se poste sur le prunier , un vermisseau au bec et nous
intime l'ordre d'interrompre nos agapes toutes les 5mn  pour   nourrir ses rejetons , ce que nous faisons .
3 semaines passent  elle revient  pousser de nouveaux piaillements  côté chambre : ils se sont envolés : un beau langage en vérité ;  un langage et un moment de grâce offerts par mon père .
le lendemain  elle me fixe longuement  pour me signifier  que  quelque chose ne va pas : effectivement le plus gros de ses petits
est coincé  entre nid et volet il faut donc que je l'ouvre  .j'obtempère  mais ce gros bêta ne sait pas voler , je le pose sur
le muret le plus  proche - ADIEU -
Pendant les 3 jours qui suivent je ressens  un grand vide .

PAT joue de la guitare avec PATRICK et MARYLENE de DINAN-

NOUGARO dessinait .

Je récupère toutes sortes de graines pour l'an prochain : tomates  cerises , courgettes , poivrons , aubergines , potirons ,melons.

SOLAL , le dernier des FALSATA est né . Albert COHEN n'a plus qu'à  bien  se tenir .
MAURIAC éclate de rire à la mort de CAMUS : il me dégoûte .


Tous les mardis à FIGEAC , spectacles gratuits . On découvre KORAT  et CHANTABOUN  , des rouennaises !

CATON -CATEIX . et avec les  tout-petits  , à l'église ST SAUVEUR  une chorale cosaque qui  entonne des chants liturgiques orthodoxes russes et grecs du 14ème  siècle   fort appréciés de LEO ( 8 ans )  et MANON ( 3 ans ) qui s'y connaissent en  ouverture d'esprit .

Apéro dinatoire  au POUZAT , je me chicore avec LUCIO qui a le  malheur de commencer une phrase par «  parmi les profs il y a de  sacrés cons  » ; Françoise commente : «  avec PASC  c'est :  Touche  pas à mon prof   ».


Soirée chez les BAILLON -  mon film a fait sensation à SANSSES  :  merci les copains ! belle ambiance - Patrice Krupka l'achète : je  vais être  riche et célèbre ! Les chauve-souris se baladent devant  l'écran . FRED est adopté par tous .  Bon baby-sitter il se  laisse pincer le nez et tirer les oreilles . On l'a échappé  belle  tous les 2 !

Il est nommé en poste fixe à NEUILLY . BRRRRRRRRRRRRRR
" Garder la bonne distance = comme les hérissons : pas trop prés car  on se pique ; pas trop loin car on a froid .  "


JULIETTE  est la déesse de MARINO , lorsqu'elles partent ,  MANON  leur lance un tonitruant  : «  Salut les jumelles !  » 
On lui fait écouter VIVALDI , dès lors  elle demande pour toutes  musiques classiques entendues quelle saison c'est  .


PAT est aérien , actif , proche du minéral et scientifique ; MOI   je suis contemplative , aquatique , proche du  végétal  et
littéraire  . Il s'est coltiné un nombre incalculable de brouettes  de pierres . Entre nous c'est un ballet, un tissage savant de simplicité , entrelacs aussi simple qu'un dessin géométrique sur  une poterie préhistorique .


Quand PAT ne se rase pas Manon lui dit qu'il sent le poney ,  lorsqu'il le fait elle l'appelle papa !

Festival de THEATRE de FIGEAC ;  bonne nouvelle : MARX est  revenu parmi nous . Marcel MARECHAL  a interprété un  FALSTAFF qui  n'a rien perdu de sa vis comica , HUSTER nous a fait fuir FRED et  moi - son SACHA GUITRY sentait le renfermé - LEO FERRE nous fait  toujours vibrer , RIMBAUD  n'a pas vraiment su se faire entendre .

J'ai découvert le théâtre à 17 ans avec Pierre FRESNAY  dans LE  NEVEU de RAMEAU .

On déclamait ma mère et moi  MUSSET dans la salle  de bains  .

Camille vient nous voir en vélo de BELINAC ( bac mention tb + 19  en philo ! )

Catherine  se prend pour une danseuse , elle fait le grand écart sur les trottoirs de FIGEAC afin de se  la  couler  douce à bouquiner tranquiloss ( 25 livres lus en un mois  )  dans un fauteuil
tout l'été . Pas de BOLLYWOOD !

Festival de GINDOU :  que de rencontres :    Henri AGEL ( BRRRRRRRR),  IOSSELIANI ( JARDINS en AUTOMNE ), Pierre CARLES ( DANGER TRAVAIL ) avec lequel nous passons la journée ( pas facile d'accès ) Fred COLIN  ,  HELENA  yougoslave très originale ,  elle a un fils tout blond  de 8 ans et  qui s'appelle LEO !!!!

J'ai adoré LES FAVORIS de la LUNE , BRI aussi ; et depuis GINDOU :  VOLEM RIEN FOUTRE AL  PAIS !

DECROISSANCE= «  marchés : plus  saisonnier, plus local , plus végétal ;

                                 transports : moins souvent  ,  moins vite , moins loin  » .

ERIC s'endort dans le cocon  douillet des salles obscures ..


SYLVIE , céramiste ,  se pose toujours des questions essentielles .

On s'est rapprochés des MAIZY ( les Maizouille comme les appelle  SYLVIE ), des BONNAN. On n'est pas loin d'appartenir à une nouvelle communauté , il en aura fallu du temps !

BRI était heureuse cet été , CATHERINE est toujours joyeuse ,  espiègle , généreuse , volubile . JEAN-CLAUDE s'intéresse aux autres .

LEO croit que je suis ruinée ( «  en ruines » dit PAT qui n'en  perd pas une ), il  refuse une trousse de 20 centimes au vide- greniers de LIVERNON . Faire pipi souvent ,  le libère de ses  angoisses . Il  dit être content de rentrer à ROSNY mais en même  temps il  regrettera l'espace qui lui est donné dans le LOT.
Après  les bois partagés avec PAT «  c'est quand-même bien les  promenades entre  hommes  !  »
Notre maison s'appellerait LEOLIVIERS.

MANON ramasse dans sa boite des trésors : 1 noisette ,1 escargot  vide , un morceau de bolduc bleu , 3 plumes ,1 brin de lavande ,  des morceaux de « piquassiette  » , un découpage spiderman , 1  scarabée d'or sec  .

RAF, CED , LEO et MANON font un bain de minuit sous le ciel étoilé  . On s'était baigné aux étangs de PUY-BLANC le 1er soir de leur  arrivée dans le LOT , en 1997 , PINO nous éclairait .il faut que  les rites se perpétuent .

Le pêcher de VERO croule sous les pêches , c'est un pays béni pour  qui  veut bien se baisser à ramasser les fruits . Mon figuier est  trop sec .

Retour sur ROUEN après the last  baignade à 18 h : le record est  battu !

DAN- PASC


Ce pays d'où l'on vient, qui bruisse des lueurs  du vent au loin  des marées qui surgissent. Là où les hirondelles s'en viennent
boire, où s'en vont dormir les guêpes et les frelons .

Là-bas les bergeronnettes , dites hoche-queues par les esprits
malins , tissent leurs nids aux confins des volets . Tissage de   plumes , de mousse et de cheveux  d'argent .

Plus tard ils diront qu'ils ont vu les arbres pousser , l'herbe  sèche foulée aux pieds des  vignerons . Le sang du figuier aux
ramures fragiles .

Plus de foin dans la grange et partant plus de bois .
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11 juin 2006

FLORIAN

Tu pourrais m'envoyer  " le film bougé "  que tu as fait avec ton tel portable alors que je me cachais derrière HUBERT ???????????? THANKS

10 juin 2006

DU SACRE AU PROFANE / FLORENCE

DU SACRE AU  PROFANE A FLORENCE

                        

EXPOSITION  =MIROIR DU TEMPS – Chefs d’œuvre  des musées de FLORENCE au musée des BEAUX-ARTS de ROUEN…

Cette  une expo a été conçue pour la  Chine (Pékin) afin de  montrer aux chinois l’art florentin , l’art européen et l’humanisme de la RENAISSANCE .

Une société entière se reflète dans chaque portrait. Ainsi va se moderniser l’histoire sainte

Ex : XIII et XIV ème : « St François reçevant les stigmates ». Auparavant l’art était figé (ex : le style Byzantin) ; les peintres italiens vont lui apporter plus de naturel : ex : ils vont habiller les personnages de costumes du moyen âge +  le naturel des conversations et des postures .

XVème  Pollaïolo : le mariage de la vierge, ainsi qu’un portrait de Fra Angelico= profil à l’antique naturel et idéalisé  (cf affiche ) .

Chez nous les guerres de religion ont martelé les  monuments et détruit de nombreuses archives : nos XV et XVI ème Siècles sont très mal documentés alors que grâce aux Médicis acteurs et témoins de l’histoire a été inventé le monde moderne , avec Cosme Ier  ,un siècle av Louis XIV  . ex : Mantegna fait un portrait de Charles de Médicis , métis et bâtard , en 1466  (fils d’une esclave mauresque) .

A la renaissance  on passe de la peinture sacrée à la peinture profane grâce aux commanditaires qui voulaient montrer leur rôle dans la société. Avant Raphaël l’artiste n’était  considéré que comme  un artisan, il se devait  de répondre aux exigences de le commande , ex : ne pas utiliser trop de lapis-lazuli  car c’était trop cher … ne mettre qu’une vingtaine de personnages ...

Après la Tempera ( peinture à l’eau sur panneaux de bois ) apparaît la peinture à l’huile.

Boticelli (« Pallas et le Centaure  » et  « St Augustin dans son cabinet  » = fascination pour l’antiquité : architecture et brouillons jetés par terre donnent la profondeur de champ ) la perspective vient d’être inventée.

Lorenzo Di Credi : Vénus nue , vers 1490 , référence à la sculpture : draperie pour point d’ appui.

Grisaille allégorique de Raphaël vers 1504 ;

peinture à l’huile dont le premier à utiliser cette technique en Italie est Antonio da ( di ) Messine . La tempera est plus transparente et plus graphique.

La petite princesse Médicis avec son livre de prière , ce portrait n’est pas souriant comme le seront les portraits français du XVIII ème.

Andrea del Sarto annonce le siècle suivant avec son style caravagesque ( l’homme malade ,1514 ) titre erroné   pt-être dû à la couleur du tableau.

Autoportrait de Lavinia Fontana artiste libérale érudite humaniste et riche ;*

Jean des bandes noirs père ce Cosme Ier est un vrai condotière figure héroïque ,  mort à 28 ans tableau mélangeant histoire et ornemental. La fleur de lys à été donnée par la France au XV ème S.

Véronèse :1551   déjà un tableau baroque.

Poppi : peintre maniériste florentin ; au siècle précédent l’homme idéal devait faire preuve de vertu (courage – cf  l’ armure qui l’accompagne ) avec le maniérisme = l’homme se veut  complet.

Mode des portraits mythologiques (Hercule et Samson)

« un beau soir d’une belle saison « L. de Vinci décrit ainsi la lumière idéale pour peindre .

Scène biblique moralisante du XVII ème : une femme cache ses bijoux et un homme lui montre des lentilles. QUI  connaît  le sens de cette scène … ?

Vanité une jeune fille , une vielle femme et un miroir…(  tout n’est qu’éphémère et illusion )

1821 : tableau romantique : une femme habillée à l’antique avec un Camée à la ceinture pour montrer son érudition politique ( ce Camée faisant partie de l’expo est passé des Médicis aux Bourbon )

www.expomiroirdutemps.com

J’aimerais que quelqu’un ait le front de  préciser , corriger mes inexactitudes  , ajouter des détails …

le seul "détail" que je pourrais ajouter, après avoir arpenté cette exposition comme un reguge tant le printemps, ce jour-là à Rouen, ressemblait à tout sauf au printemps (on s'les gelait, quoi, pour parler clair), c'est que la Renaissance est définitivement, dans l'art, le triomphe de l'humanisme, ou  pour mieux dire de l'humain. Tout renvoie à l 'homme, à la chair de l'homme plus précisément.Tu me parleras des perspectives de Boticcelli ou de Fra Angelico ? Au service de l'homme, et non du divin.

De l'homme à l'individu, il n'y a eu qu'un pas, et la modernité l'a franchie. Est-ce un bien, est-ce un mal ? C'est un fait.

La chair commence à déborder de tous cotés, où sont passées les statuettes simplissimes et épurées du moyen-age, et la rigueur des icones, hein ?

21 mai 2006

LE DROIT de ne PAS SAVOIR

INTERVIEWS préconisées par moi et qui se déroulent bien  , intéressantes souvent : interviews de peintres , de résistants , d'anciens d'Algérie , d'un taulard et en dernier celle d'un pompier ...

cet homme répond aux questions d'une ado de 16 ans et raconte sans fard  les moments les plus traumatisants de son métier ; des choses impossibles à dire -

Je suis choquée , les élèves unanimement pas - me trouvent trop sensible ... et moi je suis la seule à réclamer le droit de ne pas savoir .

Ils me parlent de NUITS et BROUILLARDS qu'on leur a montré l'an dernier en collège , eux réclament la " vérité " -( ? )

Je comprends que nous n'avons pas la même relation à la mort  -

ce pompier plus âgé aurait dû avoir plus d'éthique , réfléchir et se taire .

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14 mai 2006

NOMS de FEMMES

NOMS DE FEMMES

Mettez une majuscule à Femmes , s’il vous plaît !

J’ai  entendu tellement de récits   sur les noms de femmes que je regrette de ne les avoir pas enregistrés…

Elles prennent , elles inventent , elles rejettent , on leur donne , on leur refuse , elles en changent , elles jouent en quelque sorte ; ou elles sont jouées ….

En ce qui me concerne , ça a dû commencer au ski ,  j’avais dix-sept ans , Hervé Leblanc était allé sur le paquebot  FRANCE  et en avait rapporté un tee-shirt bleu marine très seyant qu’il m’avait prêté pour aller en boîte  . Le mot  France fluoresçait sur ma poitrine et ce soir là on m’appela :  France ! 

Très agréable .

Ensuite ce fut CHARLOTTE , allez savoir pourquoi .  Le père de Véro , aujourd’hui disparu ,  m’a toujours appelé Charlotte .

Quand j’ai rencontré celui  avec qui j’ai déjà passé la moitié de ma vie : mon 2nd  mari , PATRICK  , je me faisais appeler Aline…  pour qu’elle revienne ????

Mon nom est D M . Mon 1er mari  J.L  P =  trop petit pour un être tel que moi !  ;  nom que j’ai gardé très longtemps après mon divorce pour avoir le même que ma fille , plus de 20 ans  , de 1975 à 2000 , c’était plus simple . Année 2000  après   23 ans de vie commune   !  =  remariage  :  D  M , pas mal ; sauf que mon prénom varie entre D et PASCALE  .

Nom du père , nom du mari ..c’est toujours le nom d’un homme ! Alors je joue  , je déjoue , détricote  les pièges des  arbitraires .

J’adore  le prénom PASCALE pour de nombreuses raisons , futiles ?  peut-être . J’aime aussi la futilité . Peut-être n’est-ce pas si futile  , d’ailleurs  .

J'entends toujours avec le même bonheur gourmand FRED  et  FLO m'appeler PASCALE -sorte de revanche - contre quoi ?

L’autre jour en racontant l’histoire de mon prénom  PASCALE  à  FABIENNE qui me demandait pourquoi ce prénom prenait de plus en plus de place sur mes courriels et autres SMS ,  je tremblais ,  prête à pleurer , emportée par mon propre lyrisme  .

Lorsque je fus nommée  en  collège  ,  je rencontrai   PASCALE  P ,  prof de maths  aujourd’hui reconvertie en prof de yoga ,  je la trouvai belle  .

Nous avions le même patronyme et comme elle ne resta pas dans l’établissement tout son courrier me fut attribué à tel point qu’on finit par l’oublier et qu’on m’appela PASCALE , ce qui n’était pas pour me déplaire…P. P , au cas où vous ne le sauriez pas est aussi le nom d’une actrice des années  soixante ,  second rôle .

.... « Qu’à cela ne tienne  »  répondis-je  ( on dirait une fable de LA FONTAINE !  ) : « Appelez-moi PASCALE ! »

Puis je fus nommée au lycée .

Sans circonvolutions inutiles , d’emblée  je dis m’appeler PASCALE . 

Dans le même temps une autre   PASCALE  M était nommée professeur de lettres…. !

Sa  désapprobation dure depuis presque dix  ans et a quelque chose d’absurde .

Je me suis souvenue que   petite fille   j’avais prénommé mon baigneur en caoutchouc : Pascal .  Les sons sont doux  . Mon baigneur a été envoyé au VIET- NAM  et je cherche son sosie sur les étals des foires à tout ; ce genre de plastic a mal vieilli .

Au départ en retraite d’A M étaient invités et D G et PASCALE M , les 2 " coupables  " .

Je décidai de faire mon coming out . Quelqu’un qui se trouvait là crut bon de ponctuer mon discours par un joli « agneau pascal  » ...et   me revinrent les derniers mots de mon père prononcés avec tant de tendresse , plusieurs fois , comme pour lui-même , " Agnelle ".    C’est ainsi que m’appelait sa mère , MANOU , ma grand-mère paternelle  que j'ai peu connue et qui est enterrée en AVEYRON , une sacrée femme déterminée et aimant les arts , elle recevait chez elle ANTONIN ARTAUD ...

MD - Marguerite DURAS , côte de DURAS - M D  ( c’est aussi le titre d’un de ses livres ) – MD -  – MARCHAL D -   M  DOMINIQUE  ( ma soeur )- MARCEL  DUCHAMP   initiales  BB .

«  Au lit DO , au lit DA !. »  clamait ma mère le soir .

Les noms qui prédestinent ,  qui orientent vers une profession  .

MANON –    MANON – NON !    MANON OUI !

Les 2  LEOS -  mon LEO  superbe et généreux  -

J’aime les prénoms en " A " - ALISSA de LA PORTE ETROITE de GIDE  et  en " ELLE "….D – un seul "  L " =  m’empêche de voler -

RAFAELLE : j'ai  donné deux ailes à ma fille  RAFAELLE pour qu’elle se sente libre .

A partir du F quand elle écrit son nom elle peut ne pas lever le stylo , son nom coule de  source , fluide .

RAPHAEL SANZIO , la MADONE , l’Italie , le stanze , la chapelle sixtine ... il faut donner à ses enfants des noms qui font rêver...

PASCALE

SUITE ... Après mon opération des yeux , dans la salle de réveil  , l'infirmière essayait de réveiller un monsieur à côté de moi : " Réveillez-vous M. M  - Respirez  M.   ! - OUVREZ les yeux  M. M ! " lui criait -elle  - C'est le nom de mon père qui est mort juste aprés une opération ... à ce moment là je n'avais pas besoin de ces appels pour penser à lui . Ce n'était pas triste , juste étonnant - J'adorais mon père -

14 mai 2006

PORTE-PAROLES et La VIVA

PORTE-PAROLES =  documentaire de 52 ' de PASCALE  -

"Ceci est mon premier film , entièrement auto-produit , il est tourné

  en  numérique -

Sensible aux cadres , aux lignes , aux couleurs , aux regards , aux voix ... je filme pour comprendre le monde , ce qui se dit et ce qui ne se dit pas , ce qui se contredit  , ce qu’on évite de  dire . 

Mon intention est de  lutter contre les idées reçues .

Un film basé sur une parole  non entendue jusqu’alors . Ras le bol des poncifs sur les profs :" des fainéants qui ne pensent qu’aux vacances " " qui descendent dans la rue intempestivement "

Je  souhaitais  faire un film sur des individus particuliers et  sur un corps de métier ,  sans corporatisme   .

- Ma seconde motivation était la frustration après les dernières grèves très suivies  -avec pour toute réponse  du gouvernement :  silence ... mépris ?    le même qu’ils affichent  de façon  éhontée  pour  les chômeurs , les intermittents, les chercheurs , les ouvriers...la liste n’est malheureusement pas exhaustive . Bien gentiment , après avoir perdu beaucoup d’argent  ( l’état  a  récupéré  800 millions d’euros  )  les profs sont  rentrés dans les rangs consciencieusement  et ont fait passer le BAC pour ne pas léser   les étudiants surtout ;      pas un  ne manquait à l’appel ! et,  floués , ils ont fait la rentrée comme si rien ne s’était passé . Pourtant élan de solidarité il y avait eu  et constance dans un mouvement spontané , long , fatigant aussi . 

Filmer pour exprimer une colère  qui n’arrive pas à se dire . Une colère légitime : la  mienne , la leur , sans acrimonie  . Filmer pour exprimer mon propre engagement , ma solidarité  .  Ecouter et être avec eux . Les « conditions de travail  » sont de plus en plus difficiles pour tous ;  pour les profs aussi  et  ce  à plus d’un titre  :  surcharge des effectifs ,  suppressions de postes , décentralisation …pénibilité toujours accrue et toujours surmontée dans une étrange solitude  .Ils sont confrontés  de plein fouet  à une nouvelle misère sociale   et   sont les  garants d’une société bien gardée , joli paradoxe !

A bout de souffle les profs ?   NON-

Je les mets en pleine lumière , en plans  serrés , plans américains , plans fixes , sobres  ; image épurée ;  épurée de bruit et de fureur . Ce qu’ils disent  est audible ,  leur combat est quotidien , ils connaissent leur responsabilité morale . Ils pèsent leurs mots comme ils le font dans leurs cours respectifs .Pas de vérité universelle ,   juste des bouts de vérités .

Mon film est fait  de portraits forts , variés , hauts en couleurs  . Une palette riche .  Des éclats de miroirs à multiples facettes . Ils savent s’exprimer avec nuances .

Ce sont des profs en colère   certes ,  mais ils font leur métier dans la joie  et l’angoisse  au ventre  parfois ; c’est ce que je voulais faire   ressortir  dans une parole authentique débarrassée de toute langue de bois , de tout didactisme .

Ces profs  échappent à la morosité ambiante , ils sont sans cesse en recherche ,  ils tissent l’intelligence au jour le jour , ils donnent la « pêche »   ils sont beaux tant dans le paraître que dans l’être  ,  ils  enrichissent  notre  imaginaire et  dans le  même temps  nous poussent à nous  sentir  engagés au quotidien , ils nous poussent à être vivants . Une alchimie  se crée .  Ma caméra comme un passeur . PORTE- PAROLES---

Ce film offre un moment d’humanité et de conscience  .                                                                                                                                                                                         2            

Chacun ajoute une pierre au puzzle d’un métier  rarement  compris de l’extérieur " .

PASCALE    

Oui PASCALE , j'ai  aimé ton film. Je t'ai même  trouvée courageuse d'avoir abordé le thème. Car, quant à moi, c'est l'évasion de ce monde qui me guide. Je me sens complètement seule dans ce boulot, et justement avec des gens qui jouent , qui n'abordent jamais réellement  cette question de nos difficultés collectives  , de nos questionnements, et qui pirouettent;  certains arborent leur diplome, d'autres leur mépris à peine voilé pour ceux qui ne portent pas les médailles.. C'est la raison pour laquelle  en dehors des murs, je n'ai plus  vraiment envie de voir des profs;  Il aura fallu qq activités externes à l'usine pour que j'en découvre de vrais désireux de la défroque. J'aime ceux qui ont des rêves, des failles, des passions hors des normes de prof , les tout à fait libres de la représentation, des capables de s'ouvrir sincèrement chaleureusement, humblement même  aux autodidactes les moins reconnus socialement. Et je dois dire que j'en croise peu ds le miieu qui ne se "la jouent pas", des êtres quoi, vrais vivants..

14 mai 2006

AIRE de REPOS

Le 15 avril 2006 nous nous arrêtâmes sur une aire de repos anonyme , pas même un parking , juste une place pour une bagnole - A cet endroit le 15 avril 1999 s'était fait tuer  un chauffeur routier ... pile 7 ans auparavant .

A lire : Le vent PARACLET

9 mai 2006

ma CLOPINE et BEGODEAU

Voici l'extrait du BLOG de ma CLOPINE  dont je vous avais " parlé " ...  Au passage sachez qu'elle n'est pas prof mais se révèle être une sacrée critique littéraire  ! PASC

Son blog est très " visité " .

minuscule

Je finis le livre lauréat du prix Télérama/France Culture, "entre les murs". D'habitude, je suis plutot bon lecteur, comme on est "bon public", facilement emportée, émue, distraite...

Posté par ClopineT à 16:09 - ah mon dieu que la vie est quotidienne - Commentaires [0] - Rétroliens médiocrité

Mais là, non seulement je ne comprends pas trop la décision du jury, mais en plus tant de choses sont irritantes dans ce livre, écrit par un prof de français, que j'ai envie de les relever, pour essayer de m'expliquer ce qui m'agace tant.

Le tout premier étonnement-agacement commence avant meme d'ouvrir le livre : pourquoi donc l'auteur a-t-il supprimé les majuscules de son nom et son prénom ? François Bégaudeau devient françois bégaudeau, au mépris d'une règle fondamentale de l'orthographe.

Attention, hein. Je ne suis pas une puriste, une khmer blanche de l'orthographe. Je déplore qu'elle serve si souvent de barrière "de classes", empechant certains élèves brillants par ailleurs d'accéder à des emplois, notamment via les concours administratifs. Je plaide pour une simplification, un "toilettage".

Mais les majuscules au patronyme des noms, cela me semble très important à apprendre aux enfants. D'abord, la différence "Majuscule/Minuscule" leur fait toucher du doigt que la meme lettre peut etre écrite différemment. De plus, une majuscule en début de phrase ou de nom apprend instantanément à l'enfant, par un procédé visuel, que l'importance des choses et des signes est relative. La France, ouverte par sa majuscule, est ainsi plus "importante", plus "majestueuse", plus " à respecter", que les français qui doivent se contenter de la minuscule.

L'auteur, donc, dans ce choix bien entendu délibéré de suppression des majuscules, tend à signifier quelque chose, qui en fait me  déplait profondément. Je subodore la démagogie : "les gamins n'emploient plus les majuscules, nous sommes passés à l'air de l'azerty, au diable les vieilles nuances" semble dire monsieur bégaudeau, sans B !

Allez, j'ouvre la première page, des fois que mon intuition m'ait trompée.

Eh bé non.

Tout, je dis bien tout dans ce livre est à l'avenant de la graphie du nom et prénom de l'auteur. Sous prétexte de modernité, de "parler vrai", de "témoignage", ce prof de français ne raconte rien d'autre que le massacre , auquel il consent, de la langue qu'il est censé transmettre. Evidemment, c'est le "auquel il consent" qui me gene. Parce qu'en plus, cet auteur flatte dans le dos tous ceux qui, comme lui, remettent en cause les fondements meme de la transmission du savoir, et, sous couvert de compréhension du monde d'aujourd'hui et de sa jeunesse, manie la pire démagogie.

Je vous en donne des exemples dès que j'ai fini le livre, ce qui ne saurait tarder : bien entendu, il se lit comme on boit du petit lait. D'une traite. Cela permet de faire avaler la pilule, de planquer son coté pernicieux derrière une apparente inocuité.

Je pense vraiment qu'un minuscule françois bégaudeau peut faire de grands ravages, hélas.
Démonstration un peu plus tard !

Clopine Trouillefou, avec majuscules, n'est-ce-pas ?

(mais sans accent circonflexe, l'azerty du jour déconne !) 

Je reprends sur Bégaudeau.

Evidemment, le fonds du livre ne raconte rien d'autre que ce que l'on sait déjà, par tant de récits, d'analyses, de constats. Le lecteur n'est donc pas dépaysé : ce qui lui est décrit  (les classes multi-ethniques, la difficulté d'apprendre le français à des élèves dont ce n'est pas la langue maternelle, les familles en grande difficulté, la violence sous-jacente qui ne demande qu'à exploser à la moindre occasion, l'incapacité de l'institution à répondre à  la crise sociale, etc., etc.) il le sait déjà, pour peu qu'il soit  un peu attentif à ces questions : on n'entend parler que de cela ! c'est donc un sujet sociétal à la mode (déjà, méfiance : ce n'est pas forcément avec ça qu'on fait de la bonne littérature !)

Mais ce qui est raconté là va plus loin. Si on analyse un peu ce qui est dit, on se rend compte très vite que l'auteur-narrateur-prof de français raconte en fait et sa démagogie, et sa propre médiocrité. Je vais essayer de donner des exemples :

- rapport du prof à sa pédagogie :

Bégaudeau répond à chaque crise, à chaque affrontement, par un double système :

Il s'appuie sur les rouages de l'institution (mots dans les cahiers, punitions, envoi chez le directeur) mais, également, répond directement à l'élève sur le meme terrain que lui : affectif (dialogue : "je n'vous aime pas, monsieur. - Moi non plus, je ne t'aime pas"), langagier ("vous vous comportez en pétasses" "- pétasse ça veut dire pute pour nous Monsieur", "- pour moi ça veut dire insolente", etc) , comportemental (le prof emmène chez le directeur un jeune qui traîne les pieds. Le prof règlera son allure sur l'allure du jeune), jusque dans l'agressivité (à l'agressivité des jeunes, le prof répondra par une agressivité équivalente).

C'est grave : le prof ce faisant, CONSENT A L'EGALITE avec ses élèves. Le discours, c'est "je me comporte avec eux d'égal à égal, mais en dernier ressort, j'utilise l'institution pour être le plus fort". Bref, je ne joue pas le jeu de l'institution, mais je m'en sers. Bref, je joue double jeu !

- rapport du prof à la matière qu'il enseigne :

Dès le début, Bégaudeau met systématiquement en doute la pertinence de la matière qu'il est censé enseigner. Ecrivant la formule "qu'est-ce que", il se dit qu'elle est vraiment insupportable. Quand il doit expliquer des règles (après que + indicatif, etc.), il en arrive à la conclusion qu'elles sont inadéquates et encombrantes, et recommande à ses élèves de s'en ficher, finalement. Cette attitude s'étend bien entendu à tous les savoirs ; un élève ne sait pas ce qu'est l'Autriche ? Bah, ce n'est qu'un tout petit pays. Et quand l'élève en conclut logiquement qu'on ne s'apercevrait de rien "si une bombe rayait l'Autriche" (!!), silence de l'auteur, qu'on imagine souriant vaguement à cette assertion !

L'auteur lui-même a quelques soucis : comment s'écrit misogynie (un ou deux y ?), met-on un tiret après "auto" ? Ce qui serait des questions bien naturelles pour ses élèves, devient un peu inquiétant pour un prof de FRANCAIS, non ? Bégaudeau n'aurait-il jamais eu les moyens de s'acheter "le bon usage", de Monsieur Grévisse ?

Encore une fois, il s'agit là de démontrer la "proximité" du prof avec ses élèves, mais c'est franchement inquiétant. Comment quelqu'un qui trimballe de tels doutes peut-il défendre  la matière qu'il enseigne ??

- rapport du prof à ses collègues :

Bien entendu, l'auteur nous aligne là une galerie de portraits, évidemment comique et "bien vue" (le prof à piercings surfant sans cesse sur des sites de "cul gothique", la mère de famille débordée, le bronzage après-ski, les plaintes quotidiennes, le directeur à la sempiternelle langue de bois, etc)

Mais il passe son temps, dans le livre, à se démarquer d'eux.

Dans la salle des profs, il est la plupart du temps muni de ciseaux, et évite de participer aux conversations. Il ne rompra son silence que sur un point totalement mineur et matériel (la machine à café).

Que l'auteur veuille manifester ainsi son désaccord avec ce qui se passe "du coté des profs", dans l'institution, passe encore. Mais qu'il  le fasse en utilisant l'arme du ridicule, voilà qui conforte encore sa position de "non-impliqué", de simple observateur qui s'en lave les mains.

Lui, n'est-ce pas, appelle chacun de ses élèves par son prénom, en y ajoutant (c'est assez judicieux) la description de la marque qui s'étale sur les sweats et les tenues vestimentaires. Ses collègues ne parlent que de "cinquième 1", "sixième trois"'. Pendant les conseils, à chaque nom émis, la même phrase est répétée "untel, ah aha , alors çui-là". L'effet de comique de répétition masque mal  le mépris de l'auteur pour ses collègues.

- rapport de l'auteur à l'écriture :

Là encore, Bégaudeau nage en pleine ambiguïté. En sa qualité de prof, il enseigne à ses élèves que le français écrit n'est pas le français oral. Or, au fur et à mesure du bouquin, l'écriture va devenir de plus en plus "orale". Page 245 et 246, l'auteur s'amuse ainsi à prôner la rigueur du langage écrit, en utilisant exclusivement ce qu'il entend dénoncer, à savoir une simple transcription du langage parlé.

Encore une ficelle pour, sous couvert de respect de  son enseignement,  dénigrer sa matière à tout va !

- rapport du prof à ses élèves :

au-delà de la soi-disant proximité recherchée, vue ci-dessus, deux exemples montrent à quel point ce prof est "..." ;

- les élèves se plaignent des prénoms trop "français", trop "gaulois", des textes qu'ils doivent travailler. Qu'à cela ne tienne ! Le prof les autorise à les changer en prénoms à consonnance étrangère !

Ce passage est proprement terrifiant. Voici un prof de français, qui pourrait dire, expliquer,   par exemple : "oui, la majorité des textes en France, contient des noms et prénoms français, parce que la société ne veut pas voir la diversité culturelle des membres qui la composent. A vous,  de faire changer les choses ! A vous, plus tard, d'écrire des histoires en français, avec vos noms, vos prénoms. C'est ce qu'on fait Senghor, Césaire, Chamoiseau...et tant d'autres"

ou encore, par exemple : "les textes du passé sont effectivement ainsi, mais je vais vous présenter des textes contemporains (comme Gavalda, enfin il y en a pléthore !) qui sont exempts de cette particularité, et qui prennent en compte la diversité moderne"

ou enfin, et ce serait  à mon avis le plus parlant, le prof pourrait attraper un bout de craie et écrire au tableau :

Eponine -Azelma -Cosette -Phoebus -Marius -Guillemette -Germain

Et demander aux élèves s'ils ont déjà lu ou entendu ces prénoms, si peu usités dans la langue de notre époque, mais qui sont pourtant on ne peut plus français. Le premier des processus littéraires, c'est l'identification, et Hugo démontre qu'on peut parfaitement s'identifier à quelqu'un qui ne porte pas le même prénom que vous, qui ne vit pas à la même époque, qui n'a rien de commun avec vous.

Faire croire qu'un élève ne peut s'intéresser à un texte ou à un exercice qu'à la condition que ce texte le renvoie à lui-même, lui "parle de lui", c'est non seulement démagogique, mais c'est, encore une fois, inverser les processus d'acquisition des connaissances littéraires !

Au lieu de ça, ce prof PERMET DE CHANGER LES PRENOMS  ! 

autre exemple : une mère d'élève vient expliquer au prof que son fils manque de père et de repères, qu'il l'a choisi, lui le prof , pour modèle, et que ses difficultés viennent du fait qu'il est rejeté dans sa demande de modèle.

l'auteur ridiculise purement et simplement cette mère. Là encore, j'ai grincé des dents. Certes, être prof dans un collège de banlieue ne veut pas forcément dire avoir  une vocation de pédagogue. Mais enfin, Monsieur Bégaudeau n'a-t-il jamais entendu parler de personnages comme "Mentor" ? La littérature mondiale est constellée d'histoires de jeunes gens à la dérive, sauvés parce qu'ils rencontrent, un jour, un prof, un adulte, qui leur sert de point de repère.

Bien sur, Monsieur Bégaudeau va me répondre qu'il n'est pas payé pour cela, et que la moindre marque d'une attention particulière donnée à un élève serait mal vécue par le reste de la classe.  Il aura raison, bien sûr, mais ne pourrait-on attendre d'un vrai pédagogue qu'il cherche d'une part à en savoir un peu plus (en interrogeant l'élève en question, hors les cours, par exemple) et d'autre part qu'il puisse envisager, ne serait-ce qu'une seconde, de répondre à cette demande d'investissement, hors institution par exemple ? Ca s'est vu, des profs qui allaient donner un coup de main à un élève chez lui ! Qui acceptaient ce rôle de Mentor !

De tous ces exemples, (sans compter les toutes dernières pages du livre) il en ressort que Monsieur Bégaudeau, prof de français médiocre, faux-jeton pratiquant le double-jeu, démagogue au dernier degré et n'ayant rien du véritable pédagogue explique à lui seul l'échec du système. Tant qu'on n'offrira que des Bégaudeau aux élèves, il ne faudra pas s'étonner que les seules réponses soient des exclusions définitives (six dans le bouquin, je crois. Quelle réussite, Monsieur Bégaudeau ! c'est vrai qu'à vous lire, c'est la faute d'on ne sait qui, mais surtout pas de vous, qui pratiquez la démagogie à outrance  !)

dernière cerise sur le gateau : Bégaudeau se dit opposé à la loi sur le voile. Effectivement, on le voit bien accepter, après tout le reste, des filles voilées dans ses cours. Et ne pratiquant pas de sport, du coup.

Parce que, et ce sont les dernières pages du livre qui  nous le disent, en fait, Monsieur Bégaudeau voudrait être prof de sport. Il pense  que seul le sport est utile aux enfants des banlieue qu'il est censé enseigner. Le foot, surtout, évidemment.

Je ne sais si Monsieur Bégaudeau aurait été un bon prof de sport. En tout cas, c'est un  prof de français raté !

Pourquoi cela m'agace-t-il tant, que j'en ai éprouvé le besoin d'analyser le livre ?

C'est parce que deux de mes "références" culturelles, à savoir Télérama et France Culture, ont couronné ce livre ! Et certes pas au motif que ce livre décrirait exactement ce qu'il ne faut pas faire, ou serait une sorte de "dénonciation"  ! Bégaudeau dénonce, mais les autres, hein, pas lui !!

C'est bien la peine que France Culture ouvre si largement ses portes à un Finkielkraut, qui ne cesse de dénoncer ce que Bégaudeau raconte avec une telle complaisance ! C'est bien la peine que Télérama, qui ouvre des blogs "livres" à tout va et propose des ateliers d'écriture sur son site web, fasse régulièrement des dossiers sur l'éducation, si c'est pour primer ce genre de littérature opportuniste, qui fait , en creux, l'apologie de la démagogie !

Oui, je suis assez en colère, en fait. S'il y avait encore des forums ouverts sur le site télérama, et si je n'avais pas été virée comme une malpropre du site de défense de France Culture,  je mettrais en ligne cette analyse du premier PRIX DE FRANCE CULTURE ET DE TELERAMA 'entre les murs", au minuscule françois bégaudeau !!

Clopine Trouillefou

(comme je viens de corriger ce texte (je crois que je vais quand même l'envoyer à France Culture et Télérama !)

Posté par ClopineT à 10:02 - ah mon dieu que la vie est quotidienne - Commentaires [12] -

8 mai 2006

FLORIAN et CINDY

J'emmène mes élèves voir A BOUT de SOUFFLE - devant les GAUMONT Cindy souffle une bouffée de sa cigarette au visage de Florian qui la bouscule alors avec une telle violence que la pauvre môme se met à trembler comme une feuille pendant 10 minutes . Je la retrouve un peu calmée , elle vient de prendre un XANAX ---elle s'endort pendant le film .  Moi je ne suis pas BEGODEAU , je prends  cette misère de plein fouet .

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